Four women

 

" Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux."
Marcel Proust

Blanca, Ellen, Stephanie, Zandra... A priori, rien en commun : âges entre la quarantaine conquérante et la soixantaine imaginative; peu de chance qu'elles se croisent elles sont à des centaines de miles les unes des autres.

Rien en commun, vraiment ? Ne cherchons pas dans leurs cadres, leurs environnements, ils reflètent leurs personnalités, leurs parcours de vie et leurs ambitions. C'est sur leur fierté à vivre là où je les ai trouvées que j'aimerais m'attarder. A Mahomet, on est fière de pouvoir habiter dans une grande maison, bien trop grande pour une seule personne, mais à Mahomet, on a tant d'intérêts qu'il faut de la place pour que la créativité puisse se développer. Le jardin est aussi bien grand pour cette même personne, mais quand on comprend que ses expérimentations incluent le jardinage, l’aviculture et l'ambition de "devenir une vraie redneck avec trois voitures rouillées et inutilisables au fond dudit jardin", cela change tout.
A Mahomet
A Tupelo, on se sent privilégiée de pouvoir combiner un boulot alimentaire le week-end qui rapporte assez pour pouvoir investir le surplus dans des maisons à retaper la semaine, et les revendre ensuite avec une sacrée valeur ajoutée !
Et beaucoup de goût
Avoir Chicago ou New York sur sa carte de visite semble augmenter l'éclat et le prestige de ses détentrices, leur donner envie de travailler twenty-four/seven (= jour et nuit) pour se détacher du lot du commun des mortels, devenir unique et convoitée. Que l'on habite dans la première ou la troisième ville des USA, que l'on y paie des loyers indécents, qu'importe, ce privilège en vaut le coup !
A Chicago
J'ai beaucoup appris de vous, je suis revenue avec la ferme intention de regarder ma ville autrement. Moi aussi, j'aimerais être fière d'elle... Il faudra pourtant un peu de patience car je reste très critique quant à la manière dont elle est gérée. J'ai l'impression que celles et ceux que nous avons élu(e)s se donnent beaucoup de peine pour la brader, pour la dévaloriser, la vider de son potentiel. Il y a peu, un élu m'a conseillée d'aller habiter ailleurs puisqu'ici les impôts sont élevés. Je souhaiterais plutôt que nos élus nous encouragent à rester plutôt qu'à fuir, que leur tâche soit de nous donner envie de nous accrocher avec fierté... Comme à Tupelo ou Mahomet, qui ne sont ni l'une ni l'autre des localités exceptionnelles. Comme à Chicago ou à New York où la vie n'est pas forcément glorieuse pour tous.
A New York
Dans le fond, cette fierté va de pair avec leur estime d'elles-même, donc leur combativité et leur  envie de réussir. Dans ce domaine aussi, elles m'ont laissé des pistes de réflexion, à moi qui n'ai pas ce module de série. J'ai appris que je devais m'aimer davantage, que d'être critique, c'était possible, mais que je devais aussi faire preuve de gentillesse à mon égard. Vous l'avez senti d'ailleurs puisque toutes les quatre vous avez eu envie de vous occuper de moi, de transmettre un peu de votre ambition, de votre culot, de votre courage et de votre savoir-faire. J'ai souri ou j'ai franchement ri. Je n'ai pas été tentée par les housses pour divans ou fauteuils fatigués, même si mon rapide essai a paru prometteur et que j'avais des idées originales en matière d'habillage de fenêtres; piquer et coudre ce n'est pas mon truc. Je n'ai pas été davantage titillée à l'idée de me lancer dans des boutiques de popcorn à franchiser partout en Europe, j'avais carrément peur, le business put et dur m'attire encore moins que la couture.  Et je me voyais mal seconder Blanca dans l'utilisation de fréquences radio médicales tripolaires pour retendre peau et muscles, on aurait pu faire de grandes choses ensemble, dans un cabinet de Midtown ou Upper Village, mais je suis convaincue que je n'aurais pas été à l'aise. 
Le General Store de Tupelo, un bien beau décor
Je suis très admirative, mais je sais aussi, parce que nous en avons parlé, que leur goût du risque vient de loin, de leurs familles, de leurs éducations, de leur pays. La chance appartient aux audacieux... Nombreux sont ceux d'ailleurs, d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Sud, d'Europe, qui m'ont assurée que le rêve américain existait encore, pour autant que l'on soit près à s'investir corps et âme, twenty-four/seven sans loi qui interdise le cumul des jobs. Chez moi, je ne suis pas sûre que l'on aime tellement les intrépides, on s'en méfie. Je vais tout de même à sortir d'une voie toute tracée qui ne m'attire pas. Je vais m'inspirer de vos parcours. Je vais essayer d'oser... grâce à vous, Mesdames. Je suis sûre que je m'aimerai. Merci !
Quatre femmes ... qui ne sont pas celles de la chanson

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